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Petit déjeuner avec Denis Muzet, Président de Médiascopie invité le jeudi 15 mai 2014


 

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«Le repli sur le local et le rejet de l’autre en mouvement de fond »
 

Président de Médiascopie, Denis Muzet a une approche originale de la vie publique. Pour lui, les sondages ne font qu’enregistrer le bruit médiatique ambiant. D’où de traditionnelles déconvenues. Lui préfère tenter de saisir « la façon dont les gens voient le monde ou des personnalités », leurs « représentations ». Pour ce faire, il a mis au point une méthode qui mesure les réactions des téléspectateurs en temps réel à des émissions, la médiascopie. Depuis 2008, il use d’une analyse sur « les mots » pour dessiner la carte mentale des Français sur des dirigeants politiques, des institutions, des idées. Il a ainsi étudié les « mots du végétal », les « mots du département », les « mots de Marine Le Pen »… Chaque fin d’automne, il se penche sur les « mots de l’année ».
A l’heure de la réforme territoriale, le sociologue des médias souligne l’attachement des Français à leur département. Sans doute ignorent-ils souvent le conseil général, ses représentants et ses compétences. Mais le département, intermédiaire entre l’Etat lointain et la commune proche, paraît le garant de l’équilibre des territoires et l’idée de sa suppression est fortement rejetée. En témoigne la polémique soulevée par la fin des numéros départementaux sur les plaques d’immatriculation des voitures. « Les Français compensent la peur de la mondialisation par ce qui est le plus proche », explique Denis Muzet.

L’analyse des « mots de Marine Le Pen » fait apparaître pour sa part que la patronne du Front national a l’art d’aborder les thèmes qui rencontrent les préoccupations des Français. Elle suscite l’attention, même si un fort doute persiste sur sa capacité à mettre en œuvre les mesures qu’elle préconise en cas d’accès au pouvoir. La crédibilité sur l’insécurité et l’immigration est assez forte ; elle s’installe sur le « patriotisme économique » ; elle progresse sur le « civisme républicain » ; elle est très faible dès qu’il est question de l’international. Elle est même négative quand elle propose de sortir de l’euro ou de l’OTAN.

Reste que Marine Le Pen a beaucoup progressé depuis 2006 et que sa marche de progression reste importante.

« Elle accompagne un mouvement de fond, celui du repli sur le local et du rejet de l’autre »,

estime Denis Muzet, qui ne voit pas comment elle pourrait ne pas participer au pouvoir un de ces jours. « C’est mécanique… » Un déterminisme qui s’inscrit dans une suspicion sans cesse accrue des Français à l’égard de leurs dirigeants et des élites en général.

« On gouverne sous pression de l’instantané alors que le temps est le matériau de base de l’action publique », explique le sociologue. Les résultats des politiques engagées ne se voient pas, soit parce que le dire s’est substitué au faire soit parce que le faire n’est pas dicible. Pour les Français, « le changement, c’est jamais ». D’où une société insatisfaite qui sombre dans une sorte de dépression collective. Mais « la France vue des territoires est différente de celle du récit national », souligne le sociologue. Le bonheur serait-il dans le pré ?










 

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